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MON AVENTURE A NAÏ SOÏ

19 août 2011

VIDEO DE MON AVENTURE

 

Cette vidéo dure 23 minutes


A Naï Soï chez les femmes girafe

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3 mai 2008

TRIBU DU NORD DE LA THAILANDE

AVENTURE INSOLITE CHEZ LES KAREN

Pour me rendre à Mae Hong Son, j'ai choisi de prendre un vol domestique afin d'éviter la longue et pénible route aux 1664 virages et je me suis reposé une journée à "Friend Guesthouse" avant de partir pour Nai Soi où je suis attendu demain matin.

La province de Mae Hong Son est paisible et chargée de poésie, tout autour de cette ville minuscule se dressent de hautes montagnes où se dissimulent des dizaines de villages de réfugiés birmans qui ont fuit le régime de Yangon. Ces villages difficiles d'accès sont occupés par des Shan des Karen et des white Karen. J'ai coutume de me rendre à Nai Soi. La route qui mène au village est asphaltée sur 28 kilomètres et se termine par une mauvaise piste de 4 kilomètres, mais je connais parfaitement le trajet pour m'y rendre sans risques. 

CLIQUEZ SUR LES IMAGES POUR LES AGRANDIR

Me voila parti pour l expédition:

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La piste d'accès est parfois difficile:

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On y fait des rencontres:

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Après 45 minutes de moto me voici devant le portique d'entrée du village. Je m'acquitte du droit d'accès (250 bahts soit, 5 euros), une partie de cet argent est redistribuée à la tribu pour aider les karen . Sans trop attendre je me dirige chez Sarach qui me reçoit en larmes. Très ému par cet accueil attendrissant, il m'a fallut plusieurs minutes pour refaire surface et réaliser que j'allais vivre trois jours ici pour partager tous les instants de la vie quotidienne des femmes girafe. Je ne sais rien de ce que me réserve ce séjour mais je tiens fortement à vivre cette expérience insolite. Les quelques européens qui ont mis les pieds ici par pur hasard ou par curiosité n'ont pas vus les choses telles que je les ai vues et n'ont jamais partagés les tels moments que j'ai eu le privilège de partager.

Ce privilège je le dois au fait que j'ai entretenu des relations via internet et par téléphone avec Sarach qui est une rare personne qui pratique correctement l'anglais à Nai Soi. Bien qu'il n'existe aucune infrastructure qui permette de recevoir des étrangers au village, Sarach m'a invité chez elle et m'a mis en garde sur les conditions d'hébergement.

Cà fait maintenant trois années consécutives que je fréquente ce village et je ne m'en lasse pas. Je n'avais jamais osé dormir ici, mais cette année c'est décidé je vais m'y installer pour trois jours.

Les 150 habitants qui peuplent Nai Soi me connaissent tous, les petits enfants ont grandi, deux d'entre eux sont morts de malaria, l'instituteur a quitté le village et il n'y a pas de nouvelles têtes. L'infirmière est toujours là, la mémé qui fabrique des guimbardes a pris quelques années mais est toujours vigoureuse et souriante, la chef des white Karen est toujours assise sur les mêmes planches de son balcon et sa gamine tresse toujours des palmes de bambous pour recouvrir le toit de sa hutte. Sarach aussi a changée, elle est devenue une femme, une maman qui élève toute seule son petit Gowit, aidée par sa maman et sa petite soeur.

Sarach est une fille de la tribu, elle s'est retrouvée enceinte mais son compagnon l'a quitté. Certes, les moyens contraceptifs n'existe pas chez les réfugiés Birmans. Son bébé a aujourd'hui  4 mois et elle a de très grosses difficultés à l'élever correctement. Le peu d'argent dont les Karen disposent leur permet à peine de se nourrir maigrement.

SARACH ET SON BEBE:

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L'heure de la tétée pour bébé:

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Sarach a 2 soeurs une maman et deux papas, voila pourquoi il y a du monde au village, c'est pareil pour toutes les familles. Sarach tient une minuscule boutique en planches et bambous, elle vend des écharpes en soie locale et des bracelets de bronze (le même bronze destiné à fabriquer les anneaux qu'elle porte autour du cou et autour de ses mollets).

Les anneaux que les femmes portent à leur cou sont une spirale en laiton pouvant atteindre 38 centimètres de haut. Elles reçoivent la première dès l'âge de 5 ans. A mesure qu'elles grandisent une plus longue et plus lourde remplace l'autre, si bien qu'au final un collier peut faire jusqu'à 25 tours et peser presque 13 kilos. Contrairement à ce que vous pouvez penser l'ornement n'allonge pas le cou. En fait il appuie sur les clavicules et comprime la cage thoracique 

La maman de Sarach:

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La soeur de Sarach:

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Les habitations du village sont en bambous, planches et chaume, elles sont montées sur pilotis pour résister au coulées de boue lors des moussons. Chaque famille dispose de cochons, coqs, poulets, poussins et chacun cultive des ananas et de jeunes bambous. Le village est tout de terre battue, de même que la piste qu'il faut emprunter pour s'y rendre. Sarach confie son bébé à sa jeune soeur et nous partons vers la cabane où vit sa maman. Sa maman est ravie de me recevoir mais la communication est difficile. Le temps de manger une pastèque découpée en dés et nous partons parcourir le village jusqu'à la cabane qui sert d'infirmerie. L'infirmière se souvient de moi et moi aussi, elle me supplie d'aller lui procurer des médicaments de base indispensables pour traiter les enfants qui souffrent de maux de ventre et de dysenterie. Je propose alors à Sarach de descendre à moto jusqu'à Mae Hong Son pour lui acheter ces médicaments et par la même occasion des denrées pour la famille qui se fait un honneur de me recevoir. Je n'avais jamais pensé qu'un jour je me promènerai en ville avec une long neck. Profitant de mon passage à Mae Hong Son je me rends à Friend Guesthouse pour y récupérer quelques effets personnels qui me seront utiles là haut.

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A la pharmacie de Mae Hong Son je me procure de l'amoxycilin, de l'aluminium et de la cloxaciline puis repars avec 15 flacons, 1000 tablettes de gélules et 20 sachets de poudre. Le tout m'a coûté 2100 bahts soit, 42 euros. Quarante euros représentent 6 mois de salaire de l'infirmière. En novembre prochain je renouvellerai l'opération et n'arriverai pas les mains vides. Je n'oublierai pas non plus une belle montre pour Sarach, des cartes à jouer pour les longs necks et des chamallows pour les enfants.

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La famille, enfin ! une partie de la famille:

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En retournant au village nous nous arrêtons pour acheter des victuailles: légumes, riz, viande, poissons séchés et jus de fruits. Alors que Sarach donne le bain à son bébé dans une bassine en plastique, je m'occupe avec sa maman à préparer le repas du soir qui sera composé de riz aux ananas, de soupe de poissons pimentée.

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Le coin cuisine se trouve sous les pilotis de la cabane à même la terre battue. Tous les ingrédients sont cuits au feu de bois dans de grosses marmites noirâtres léchées par les flammes des bambous brûlants. Pour s'approvisionner en eau il faut aller à la pompe publique qui se trouve à 150 mètres du logement.

L 'heure du repas, la cuisine:

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Les touristes sont rares ici. Durant mon court séjour je n'ai rencontré personne, si non que des Karen. J'ai aussi passé beaucoup de mon temps à aller cueillir des ananas et à donner un coup de main pour la construction de la nouvelle école en bois de teck. Le chantier est dirigé par Monsieur John, un français entouré de Thais. Il y a deux ans, l'école était à ciel ouvert et durant les moussons les cours n'étaient pas assurés.

Tout au sommet du village une église, surprise ! c'est une église chrétienne. En effet, beaucoup de missionnaires sont passés par là et une bonne partie des Karen est chrétienne, tandis que  l'autre moitié est bouddhiste ou animiste. Il y a une dizaine de bancs dans l'église, de quoi recevoir une trentaine de fidèles. Sur le mur, à droite de l'autel il y a la photo du nouveau Pape.

L' église chrétienne de saint Joseph:

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Dodo les petits.  Rami pour les grands.

Sarach vit à l'étage de sa boutique dans une pièce unique dépourvue de mobilier, les cloisons sont en bambous tressés et tapissés de posters, de portraits de femmes girafe, de portraits de bébés et de vedettes du karaoké Thai. Alors que Gowit dort à poings fermés sur une couverture à même le sol, nous entamons une partie de rami à la lueur des bougies avec Sarach et une de ses copines. Il n'y a pas d'éclairage à Nai Soi et dès 19h30 il fait nuit noire. En face, des habitations laissent entrevoir l'éclairage vacillant des lampes à alcool. Un silence angoissant plane sur Nai Soi et à 21h30 tout le monde est couché. Difficile de fermer l'oeil cette nuit, ce n'est pas dans mes habitudes de dormir par terre. Je n'arrive pas à m'endormir, il fait très chaud et je suis préoccupé par l'environnement dans lequel je me trouve.

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Je réalise que je suis dans un autre monde, des années en arrière et un tas d'interrogations meublent mes pensées. Au moment où j'allais sombrer, Gowit se met à pleurer. A 4 heures du matin je me lève et sors dans le village désert pour attendre les premières lueurs. A 5h30 je suis sur la colline qui jouxte la cabane et m'en vais cueillir des ananas pour le petit déjeuner. Les premiers bruits montent du village et les coqs sonnent le réveil. Je regagne ma hutte où Sarach donne le sein à Gowit. Les femmes karen allaitent pour des raisons d'hygiène et pour des raisons économiques.

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La tapisserie de la chambre:

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La toilette de bébé. Le bébé s appelle Gowit

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Ce matin Sarach doit descendre à l hôpital de Mae Hong Son, ainsi qu' une autre de ses copines. Nous quittons le village à 8h30 et partons en cortège avec deux motos. Sur l'une, Sarach, sa petite soeur et le bébé, sur l'autre Bimbo, "Maman" et son bébé. "Maman" c'est le nom de la copine, mais çà ne se prononce pas comme chez nous. En ville tout le monde attend son rendez vous, quand à moi je fonce à "Friend Guesthouse" pour y prendre une bonne douche, car ce matin la toilette à Ban Nai Soi fut un cérémonial. Chacun arrive sur la place publique avec sa cuvette, sa serviette, sa savonnette, son dentifrice et sa brosse à dents. Tout le monde autour de la pompe collective tire de l'eau et entame sa toilette. Les femmes vêtues d'un long sari coloré attaché au dessus de la poitrine font discrètement leur toilette. Les femmes karen sont très coquettes, elles passent un long moment à se lustrer les anneaux et à s'enduire de tanaka. Après la toilette tout le monde boit le thé et discute dans deux dialectes différents. Fort heureusement Sarach m'assure la traduction.

C'est ici que l'on se ravitaille et que l'on fait sa toilette:

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Aujourd'hui alors que Sarach s'occupe de son bébé je prends mon temps pour errer dans le village et pour rendre visite à tous les habitants. C'est merveilleux ! les jeunes mamans s'occupent de leurs progénitures avec beaucoup de soins, elles leurs donnent à manger et jouent avec eux. Les femmes plus âgées débordent d'activité, préparent le déjeuner, nettoient le linge sale et montent ramasser des herbes pour préparer les repas. Ici l'on mange lorsqu'on a faim, seul le repas du soir est un moment de réunion et d'échanges. Le temps de parcourir toutes les pistes du village j'ai été invité à au moins huit petits déjeuners.

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Ensuite, je suis allé garder la boutique de Sarach pendant plus de deux heures. Le temps est vite passé car j'étais entouré de tous les enfants du village, curieux de ma présence. Ma deuxième nuit  au village je l'ai abordée différemment. Pour ne pas me coucher trop tôt, à la lueur des bougies, j'ai mis de l'ordre dans mes notes pour alimenter mon road book qui me servira pour enrichir mon blog exclusivement destiné à mon séjour chez les longs necks.

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LES KAYONG

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D' AUTRES PHOTOS DES GENS DU VILLAGE

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C'est avec un pincement au coeur que je quitte Nai Soi. Tout le village m'accompagne à la moto et Sarach fond de nouveau en larmes. Nous garderons le contact et en novembre je viendrai de nouveau la retrouver ainsi que tout ce peuple admirable. Lorsqu'on rencontre ces gens pour la première fois il n'est pas facile de les approcher, mais dès que la confiance s'établit on est vite adopté et respecté. Tout devient alors plus facile excepté la communication. Ces moments merveilleux vécus à Nai Soi je ne pourrai les oublier, ils resteront à jamais gravés en moi.

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Jamais je n' avais pensé qu' un jour j 'allais vivre de tels moments. 

L' expérience en vaut la peine.

SARACH SANS LES ANNEAUX à la sortie de la maternité:

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Les retrouvailles le 20 novembre 2008

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Histoire de Sarach une réfugiée birmane: "......J'avais à peine quelques années.....  je suis née en Birmanie (actuellement Myanmar) avec ma famille nous sommes venus nous réfugier en Thaïlande pour fuir l'abominable régime militaire qui nous a fait subir les pires des atrocités. Le gouvernement thaïlandais nous a permis de nous établir dans la province de Mae Hong Son, dans le minuscule village de Naï Soï, situé tout près de la frontière de mon pays natal.

Je m'appelle Sarach, je suis Kayan de la tribu des long necks. Dans mon village nous sommes aujourd'hui 150 habitants (100 Kayans et 50 white karen). Nous vivons en bonne harmonie et survivons grace à la récolte d'ananas, de bananes et de cannes à sucre. Grace aussi à la pêche et à la chasse. Nous confectionnons aussi quelques objets de pacotille et tissons des écharpes destinées à être vendues sur le marché local de Mae Hong Son. Les anneaux que nous portons autour de notre cou pèsent jusqu'à 7 kilos. Certains disent qu'il est nécéssaire de les porter pour qu'ils nous protègent des attaques des tigres, d'autres pensent que seules les femmes nées un mercredi de pleine lune doivent les porter. Les anneaux chez nous sont un témoignage de beauté féminine.

Ici, mon horizon est très limité car je n'ai pas le droit de me déplacer au delà de ma province. Alors j'ai beaucoup de temps au village pour apprendre l'anglais à l'aide d'un tout petit dictionnaire. Nous sommes trois à connaitre l'anglais: la doyenne du village, l'infirmière et moi. J'ai grandi avec tous les enfants de mon âge entourée de ma famille, une maman et deux papas. J'ai deux petites soeurs et toutes les trois n'avons aucun projet d'avenir car nous sommes vouées à demeurer ici jusqu'à la fin de nos jours.

A vingt ans j'ai rencontré Bimbo qui arrivait de Chiang Maï à moto. J'ai eu l'occasion d'échanger avec lui en anglais et je lui ai fait part de tous les problèmes que rencontre notre peuple. Je lui ai aussi beaucoup appris sur nos moeurs et nos coutumes. Bimbo depuis quatre ans vient me voir régulièrement au moins une fois par an et mon coeur se met à battre différemment lorsqu'il est là. Bien qu'il n'y ait pas d'infrastructures pour recevoir chez nous et que certains le voient d'un mauvais oeil, j'ai proposé à Bimbo de venir vivre quelques jours avec moi et de partager des heures de bonheur à accomplir tous les gestes de ma vie quotidienne et à vivre aussi modestement que ce que je vis ici. Bimbo a accepté cette expérience en mars 2007 et aujourd'hui il connait tout le monde et tout le monde le connait, l'infirmière, l'instituteur, la gestionnaire, la doyenne, les commerçants et tous les enfants.

En décembre 2007 j'ai accouché d'un petit garçon qui s'appelle Gowit. C'est un peu grace à lui que je survis car ici je n'ai plus aucun avenir et je m'accroche alors à lui. Ce qui me rend triste et qui me fait très souvent pleurer, c'est que Gowit aussi n'aura aucun avenir. Il grandira ici sans jamais voir autre chose que les collines qui nous environnent, les cloisons en chaume de nos habitations et la seule piste de 300 mètres qui traverse le village. Je ne descends que très rarement à Maé Hong Son car les long neck ne sont pas très appréciées par les Thais. L'avant dernière fois que je m'y suis rendue c'était pour mon accouchement, le 27 décembre 2007 et la dernière fois c'était avec Bimbo le 20 mars 2008 pour aller faire vacciner Gowit à l'hôpital.

Cette année j'ai 25 ans, Bimbo est venu me rendre visite, il a été surpris de ne pas m'y trouver. Je suis actuellement dans un camp de réfugiées. Les Thais veulent nous utiliser à des fins commerciales et nous donner en pâture aux tourisme grandissant. Ils veulent faire de notre village une vitrine à devises, et ceux qui n'acceptent pas leurs conditions, sont déplacés dans des camps de réfugiés. Bimbo par l'intermédiaire de l'infirmière s'est débrouillé à me faire signaler son arrivée. J'ai aussitot quitté le camp pour aller le retrouver. Quelle émotion ! Bimbo m'a présenté les dix amis avec qui il voyage cette année et je leur ai fait visiter mon village. J'ai le coeur gros lorsque j'arrive à Naï Soï, la hutte dans laquelle j'ai grandi est détruite et un de mes papas ne m'adresse plus la parole car il n'a pas accepté que je refuse les conditions dictées par les autorités Thais.

Le courrier que m'envoie Bimbo je ne le reçois pas, il ne m'est pas distribué. Je ne peux même plus me rendre à Mae Hong Son pour utiliser internet. Alors je ne sais plus comment communiquer avec lui. Je sais qu'il reviendra l'année prochaine mais pendant un an je n'aurai plus de ses nouvelle et il n'aura plus de mes nouvelles.

Aujourd'hui j'ai passé une journée pas comme les autres. Bimbo et ses amis m'ont apporté beaucoup de chaleur et j'ai tout oublié de mes tristes journées au camp. J'aurai tant aimé que Bimbo revoit Gowit, mais comment faire? Au camp les visites des Thaïs et des étrangers sont interdites. Ce soir lorsque je rentrerai je sais déjà que je vais pleurer et que je vais avoir le coeur gros.

Bimbo connait bien mon histoire et je sais très bien qu'il plaisante lorsqu'il me propose de m'enfuir avec lui et de prendre l'avion pour abandonner ma triste destinée. Si seulement une fée pouvait me transformer en un tout petit être, si petit que je puisse me cacher dans sa valise. Alors je n'hésiterai pas une seconde pour tout abandonner et partir là bas avec lui.

(.......à 4 heures de l'après midi Sarach est montée avec moi dans le Pik Up. je devais la racompagner au croisement de la route qui mène à son camp. Je l'ai abandonné au bord de la route, elle est partie toute seule à pied, sans se retourner, j'ai courru après elle pour lui remettre mille cinq cents bahts collectés auprès de chacuns de mes amis. Avec cet argent (30 euros), Sarach et Gowit pouront vivre mieux pendant trois mois, où bien elle pourra rembourser une partie des dettes quelle a été obligée de faire pour payer son accouchement. Le coeur gros j'ai abandonné Sarach à son triste quotidien, le pik up m'a emmené à Mae Hong Son, la tête et le coeur débordant d'attendrissantes pensées........)

TEXTE :  BIMBO

IMAGES:  BIMBO ET LES ENFANTS KAREN

2 mai 2008

TRIBUS COLOREES

Parmi les 65 millions d'habitants que compte la Thaïlande, 23 minorités ethniques vivent pour la plupart dans le nord du pays, dans une région de sommets, de fleuves et de vallées fertiles. La majorité de ces peuples ont immigré en Thaïlande au cours des deux siècles derniers.
Les Karens, les plus populeux sont originaires de Birmanie. Les Lahus, les Lisus et le Akhas viennent du Yunnan, une province située dans les hauts plateaux du Sud-ouest chinois. Les Hmongs et les Miens viennent de Chine centrale ( Les Miens sont aussi appelés Mians, Yaos, Daos, Zaos ou Mans ).
La cause majeure de leurs déplacements  a été due aux conflits, aux pressions sociales et au manque de terres fertiles.
Isolée, montagneuse et pratiquement inhabitée, la Thaïlande du nord s'est avérée un refuge idéal, d'autant que les autorités permettaient aux immigrants de rester. A mesure que ces peuplades s'implantaient, des villages ont ponctué le paysage et formé une mosaïque culturelle et linguistique.

US ET COUTUMES

Chaque tribu des montagnes se reconnaît à son habillement. Les femmes Akhas, par exemple, arborent des coiffures en argent élaborées, qui ressemblent à de gracieuses tours recouvertes de pompons, de broderies et de pièces de monnaie. D'autres portent des sortes de casques de mailles décorés de perles, de boules et de boutons scintillants. Les femmes Miens sont éblouissantes: leurs pantalons richement brodés peuvent demander cinq ans de travail. Un turban coquet, une tunique longue jusqu'aux chevilles, parée à l'encolure d'un boa rouge,et une ceinture indigo finissent leurs somptueuses toilettes.

La tenue d'apparat féminine est un véritable déploiement d'ornements en argent qui cliquettent et jettent des feux, renseignant les observateurs admiratifs ainsi que de potentiels prétendant sur le rang social et les moyens d'existence de l'élégante. D'autres accessoires sont faits de verre, de bois ou de fil.

Ces montagnard sont généralement fiers de leurs coutumes. A l'occasion de grandes cérémonies les Karens soignent leur tenue et plus particulièrement la jeunesse qui a l'espoir de trouver un conjoint. Les Hmongs quant à eux se déclarent à la fête du nouvel an au cours d'un jeu particulier: une rangée de garçons s'alignent à quelques pas d'une rangée de filles, chacun faisant face au potentiel élu de son coeur. Puis les partenaires se lancent une balle en tissus. Celui qui la laisse tomber, délibérément ou non, donne en gage à l'autre un petit ornement. Il pourra le récupérer plus tard dans la soirée, en échange d'une chanson. Si le chanteur est bon, il attirera de nombreux auditeurs, ce qui augmentera ses chances de conquérir un coeur.

ADAPTATION

Autrefois ces peuples pratiquaient le brûlis: ils défrichaient la forêt vierge au profit de la culture et de l'élevage. Les onséquences écologiques ont été désastreuses. De nos jours ils exploitent les terres d'une façon plus responsable, et avec de bons résultats.

Installés dans le triangle d'or, zone à cheval sur la Thaïlande, le Laos et la Birmanie, bon nombre produisaient de l'opium. Désormais ils cultivent café, fruits, légumes et fleurs grâce à des programmes de remplacement des cultures, parrainés par la famille royale Thaïlandaise et les organisations humanitaires internationales. Nombres de montagnards vivent également du tourisme, industrie prospère, en vendant biens, services et produits artisanaux.

Néanmoins, plus d'un souffre de la pauvreté, de l'insalubrité et de l'illettrisme. S'y ajoutent la diminution des ressources naturelles, les changements culturels, les préjugés raciaux, l'alcoolisme et la toxicomanie. Les ancêtres des montagnards avaient fui en Thaïlande pour échapper à des difficultés semblables.

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MON AVENTURE A NAÏ SOÏ
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